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Les enfants et les cartes: comment répondre à leurs questions?
Faut-il ou non répondre aux interrogations des enfants lorsqu’ils se montrent curieux de savoir à quoi servent les cartes que nous utilisons ? Voilà une question qui fait débat en matière de cartomancie, car elle ne laisse personne indifférent ! Dès lors qu’elle est posée, impossible de l’ignorer. Plusieurs options s’offrent alors : soit on indique que ce sont « des choses de grandes personnes » et que « les cartes, ce n’est pas pour les enfants », soit on essaie de répondre en expliquant brièvement à l’enfant en quoi cela consiste. Quelle solution choisir ?
Pourquoi apporter des éléments de réponse à un enfant qui s’interroge ?
En premier lieu, il faut tenir compte d’un point essentiel : en posant des questions, l’enfant fait preuve de curiosité et d’un intérêt certain potentiel pour la discipline. S’il est impossible d’affirmer où cette curiosité le mènera, il n’est pas acquis pour autant qu’il souhaitera pratiquer par la suite… tout comme il n’est pas dit qu’il ne voudra pas approfondir ! La curiosité – bien placée ! – est un gage d’esprit, et il serait dommage de frustrer un enfant qui s’interroge ! Si la curiosité est forte, cela ne ferait que le pousser à aller chercher des réponses par lui-même, et qui sait ce qu’il pourrait trouver ou ce qu’on pourrait lui dire… Ne pas répondre à ses questions peut l’exposer à certaines formes de dangers ou développer des superstitions. Et ceci n’est, bien sûr, pas une approche saine des choses.
Ne vaut-il pas mieux qu’il découvre les choses dans un cadre sécurisé et sécurisant, au fur et à mesure de l’évolution de son intérêt pour les cartes ? Par ailleurs, lui répondre simplement que « ces choses-là ne sont pas pour [lui] » aura au final un effet inverse à celui recherché : au lieu de le « protéger » – de quoi, d’ailleurs ? –, on va créer en lui des craintes voire des peurs plus tenaces qu’on ne l’imagine, car ce qui n’est « pas pour les enfants » est nécessairement dangereux, répréhensible ou choquant. Or, telle est l’image de la cartomancie que l’enfant risque de se construire… et ce n’est pas le but de la manœuvre !
Quelle attitude adopter face aux questions des enfants ?
Lorsqu’un enfant me pose des questions sur mes cartes, j’y réponds le plus honnêtement possible en donnant des explications simples… mais pas simplistes ! Très souvent, les enfants demandent d’abord si ce sont des cartes « pour jouer », car ils les trouvent belles et sont attirés par les « jolis dessins » qu’ils y voient. Je leur explique alors que ces cartes-ci ne servent pas à jouer, mais plutôt à montrer à celui qui les consulte l’histoire de sa vie ou d’une partie de sa vie. Je leur montre quelques cartes pour leur faire comprendre de quelle manière elles reflètent les événements de la vie. Immanquablement, je suis épatée par la justesse de leurs remarques ! En leur demandant de me décrire la carte et de me dire ce qui arrive au personnage, je m’aperçois à chaque fois qu’ils en saisissent sans trop d’efforts les significations et implications. Au fil des lames, je fais en sorte qu’ils participent à la reconstitution de l’histoire qui se dessine sous leurs yeux.
Les enfants ont une facilité naturelle à faire la relation entre une illustration et les messages qu’elle véhicule car ils sont habitués aux livres d’images. Ce type de métaphore permet donc de rattacher les cartes divinatoires à quelque chose qui leur est déjà familier.
Ensuite, il n’y a qu’un pas à faire pour leur expliquer de quelle manière un jeu de cartes peut raconter l’histoire de chacun. Ainsi, l’enfant comprend les grands principes de la cartomancie de façon rationnelle, sans qu’il y ait besoin d’avoir recours à des effets de manche douteux. Les enfants sont un public jeune, certes, mais surtout très exigeant. Aussi, il est inutile de leur mentir ou de détourner leur attention, car cela ne ferait qu’entacher la confiance qu’ils peuvent avoir en les adultes. À mon sens, il est donc important de répondre à leurs questions autant que faire se peut.
Il est possible que leur intérêt ne soit que ponctuel et passager, tout comme il se pourrait qu’il soit le début d’une grande passion. Dans les deux cas, ils finiront par confronter les informations obtenues dès leur plus jeune âge à celles qu’ils trouveront ailleurs plus tard. Bien encadrés, ils seront un minimum armés pour faire la différence entre les informations fiables et celles qui ne le sont pas. Mal informés, ils seront en proie à toutes les superstitions et aux charlatans, incapables de se montrer critiques par rapport à ce qu’ils entendront ou liront.
Chaque fois qu’un enfant me pose des questions sur mes cartes, j’y réponds donc, en essayant de rattacher mes pratiques à des choses qu’il connaît déjà. Si possible, je lui montre un jeu qui exploite l’univers des contes de fées pour illustrer mon propos, car il connaîtra à coup sûr quelques-unes des histoires auxquelles il est fait allusion et pourra ainsi mieux établir les connexions entre la carte et ses significations.
Bien sûr, je ne suis pas en train de dire qu’il faut automatiquement enseigner à un jeune enfant comment se servir des cartes ! Je garde néanmoins en tête le fait que j’ai moi-même commencé assez tôt et que cela m’a certainement beaucoup aidée à assimiler le langage des cartes de façon naturelle et à l’intégrer. Aussi, si un enfant manifeste une attirance très prononcée pour cette discipline, alors il est toujours possible de l’y initier sous forme de jeu. Ensuite, si l’intérêt persiste, on peut très progressivement commencer à approfondir les choses à mesure que l’enfant grandit. Cela dit, il est indispensable de veiller à bien encadrer les pratiques en associant à l’aspect technique les considérations éthiques qui s’imposent !
(© Morrigann Moonshadow, le 24 novembre 2013. Reproduction partielle ou totale strictement interdite.)