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Le film « Le Magicien d’Oz » fête ses 85 ans!
Le 25 août 1939, soit il y a 85 ans pratiquement jour pour jour, sortait aux États-Unis l’adaptation cinématographique par la Metro-Goldwyn-Mayer de The Wonderful Wizard of Oz de Lyman Frank Baum (l’un de mes romans préférés !), sous le titre « The Wizard of Oz ». S’il est un film qui a marqué les esprits et l’histoire du cinéma, c’est bien celui-ci ! Que ce soit pour ses images aux couleurs vives qui donnent vie au pays d’Oz, ses musiques entêtantes ou pour le ton de la narration dont la douceur rappelle l’atmosphère si particulière des contes de fées, « Le Magicien d’Oz » réalisé par Victor Fleming reste bien connu de tous, à tel point qu’il fait aujourd’hui partie de l’inconscient collectif.
Cet anniversaire est l’occasion idéale de rendre hommage à ce monument du cinéma qui, aujourd’hui encore, continue de faire rêver petits et grands. Je vous propose donc d’emprunter avec moi la Route de Brique Jaune et de nous replonger dans cet univers sans pareil qui n’a pas fini de nous révéler toutes ses richesses !
Astuce :
Compte tenu de sa longueur, vous pourriez avoir envie de lire cet article en plusieurs fois. Pour ce faire, n’hésitez pas à utiliser le plan ci-dessous en cliquant sur les titres des différentes sections. Ces liens vous mèneront directement à la partie à laquelle vous souhaitez reprendre votre lecture !
Un film enchanteur à voir et à revoir à tout âge
« Le Magicien d’Oz » et l’inconscient collectif
Langage courant et culture populaire
Simples citations ou expressions idiomatiques ?
Une chanson à la dimension universelle
Une bonne surprise pour les amateurs de tarot !
Prêts pour le voyage ? Chaussez vos Souliers de Rubis et suivez-moi sur la Route de Brique Jaune !
Un film enchanteur à voir et à revoir à tout âge
L’histoire
Dorothy Gale vit dans le Kansas avec son oncle et sa tante qui tiennent une ferme. Son petit chien Toto l’accompagne partout où elle va mais indiscipliné, celui-ci s’est attiré les foudres de Miss Gulch, la voisine acariâtre dont le souhait le plus cher est de se débarrasser de lui. Afin d’empêcher Miss Gulch d’arriver à ses fins, Dorothy décide de partir avec Toto mais s’apercevant qu’une tornade se prépare, elle rebrousse chemin et rentre à la ferme. Malheureusement, elle arrive trop tard pour rejoindre l’abri anti-tornade. Elle reste alors dans sa chambre avec Toto tandis que sa maison est emportée par le vent. La violence des secousses la projette contre quelque chose et, assommée, elle s’effondre sur son lit. À son réveil, la maison est à nouveau sur la terre ferme elle découvre un étrange endroit dont elle ne reconnaît rien et comprend qu’elle est désormais bien loin du Kansas.
De petits êtres, les Munchkins, s’approchent d’elle et de sa maison et la prennent pour une sorcière car l’habitation a atterri sur la Méchante Sorcière de l’Est, la tuant sur le coup. Involontairement, Dorothy les a débarrassés d’une menace et ils lui en sont reconnaissants. Arrive alors Glinda, la Sorcière du Nord. Cette dernière explique la situation à Dorothy et lui donne les souliers de rubis qui se trouvaient aux pieds de la Sorcière de l’Est en la mettant en garde contre la sœur de celle-ci, la Sorcière de l’Ouest, qui va désormais vouloir en prendre possession. Elle dit à Dorothy que les souliers sont magiques mais ne précise pas la nature de leur pouvoir.
Oui mais voilà : Dorothy aimerait bien rentrer chez elle au Kansas. Glinda lui dit qu’elle n’a pas le pouvoir de la renvoyer là-bas et qu’il lui faut aller voir le Magicien d’Oz, qui vit à la Cité d’Émeraude, car lui peut exaucer tous les vœux. Elle ajoute que vous se rendre à la Cité d’Émeraude, Dorothy doit suivre la Route de Brique Jaune, et la jeune fille se met en route sans tarder, toujours accompagnée de son fidèle Toto.
En chemin, elle va rencontrer tour à tour trois personnages singuliers qui deviendront ses amis et à qui elle proposera de l’accompagner : l’Épouvantail, le Bûcheron de Fer Blanc, et le Lion Peureux. Rempli de paille, l’Épouvantail aimerait avoir un cerveau pour être intelligent et capable de construire des raisonnements. Le Bûcheron de Fer Blanc, quant à lui, est entièrement fait de métal et aimerait avoir un cœur pour éprouver des sentiments. Enfin, le Lion Peureux aimerait avoir du courage afin de ne plus trembler devant tout et n’importe quoi. Chacun raconte son histoire et révèle son souhait à Dorothy et à chaque fois, la jeune fille explique que le Magicien d’Oz pourra sans doute accéder aux différentes demandes. C’est pourquoi elle leur propose de venir avec elle à la Cité d’Émeraude.
Lorsqu’ils arrivent à destination, le Magicien accepte de les aider mais avant de réaliser les souhaits de chacun, il leur confie une nouvelle quête : celle de lui ramener le balai de la Méchante Sorcière de l’Ouest. Déçus mais volontaires, ils se mettent en route vers le château de l’ennemie jurée de Dorothy (la Méchante Sorcière de l’Ouest observe Dorothy depuis le début de son périple grâce à sa magie). Malheureusement, Dorothy est faite prisonnière par la Méchante Sorcière de l’Ouest qui menace de tuer Toto si elle ne lui donne pas les souliers de rubis. Ses trois amis parviennent toutefois à atteindre le château pour lui venir en aide. Lorsque la Sorcière menace d’enflammer l’Épouvantail en agitant une torche à quelques centimètres de lui, Dorothy jette de l’eau sur la torche et asperge la Sorcière involontairement. Celle-ci se met alors à fondre et meurt accidentellement.
Après avoir tué une deuxième sorcière, Dorothy prend le balai et les compagnons retournent à la Cité d’Émeraude, où le facétieux Toto expose la vraie nature du Magicien, qui n’est autre qu’un humain… comme Dorothy ! Il n’a donc pas de pouvoirs magiques, d’autant que comme Dorothy, lui aussi vient du Kansas ! Il donne toutefois symboliquement un cerveau à l’Épouvantail, un cœur au Bûcheron de Fer Blanc, et du courage au Lion Peureux. Il explique également à la jeune fille qu’il prévoit de repartir au Kansas comme il est arrivé au pays d’Oz, c’est-à-dire en montgolfière et lui propose d’être sa passagère. Or, au moment du départ, Toto (encore lui !) voit un chat et se lance à sa poursuite. Dorothy saute hors du ballon pour le rattraper et manque le départ.
Glinda arrive et fait comprendre à Dorothy que le moyen de rentrer chez elle s’est toujours trouvé à ses pieds puisqu’il lui suffit d’énoncer son vœu et de claquer trois fois des talons pour retourner au Kansas. Dorothy s’exécute et se réveille chez elle, dans sa chambre, sa tante et son oncle à son chevet. On comprend alors que son voyage au pays d’Oz n’était qu’un rêve.
Fidélité au roman
Si le film de Victor Fleming reprend la trame principale et les grandes étapes du roman, le traitement qu’il leur fait subir quant à lui diffère en bien des points, changement de support oblige car on ne raconte pas une histoire de la même façon à l’écrit qu’à l’écran.
La représentation du Kansas
Le début du récit qui montre Dorothy au Kansas est beaucoup plus développé dans le film que dans le livre. En effet, L. Frank Baum pose rapidement le décor en présentant Dorothy comme une orpheline vivant avec son oncle et sa tante dans une ferme située dans les grandes prairies du Kansas. Autour d’elle, tout est gris, jusqu’à l’herbe brûlée par le soleil, et les gens (principalement son oncle et sa tante) ont depuis longtemps cessé de rire, sans doute affectés eux aussi par le soleil, le vent et la pluie qui à la longue les ont ternis. Dans la description qu’il fait de l’environnement de Dorothy, le narrateur insiste sur l’omniprésence de la couleur grise qui en devient oppressante, presqu’aussi étouffante que la chaleur que dégage le soleil. Seul Toto, le petit chien de Dorothy, n’est pas gris mais noir et la fait rire. Il est son compagnon de jeu, celui qui lui permet de ne pas devenir grise comme tout le reste grâce à la joie qu’il lui apporte. Une fois ce contexte établi, on en vient au vif du sujet : le ciel est encore plus gris que d’habitude car une tornade se prépare et il est temps pour tout le monde d’aller se mettre à couvert dans l’abri prévu à cet effet qui est situé dans la maison. Tenant Toto sans ses bras, Dorothy suit son oncle et sa tante mais juste avant de descendre dans l’abri, le petit chien s’échappe et va se cacher sous le lit. Dorothy le rattrape mais avant qu’elle ait pu rejoindre son oncle et sa tante, sa maison s’envole, emportée par le vent. Au fil des heures que dure cet étrange voyage, la peur de Dorothy s’atténue et elle s’endort sur son lit, Toto à ses côtés. Lorsqu’elle se réveille, elle est bien loin du Kansas !
Si dans le roman la scène d’exposition au Kansas ne s’étend que sur quelques pages, le film y consacre un assez long passage. Celui-ci est habilement construit et s’intègre fort bien à l’histoire et à la ligne de narration choisie par le réalisateur. Tout ce qui précède l’arrivée de Dorothy au pays d’Oz est filmé en sépia, ce qui fait écho à l’environnement terne, gris et triste dans lequel évolue l’héroïne au début du roman. C’est d’ailleurs dans ce contexte que Dorothy entonne « Over The Rainbow », exprimant son souhait d’aller au-delà de l’arc-en-ciel pour voir des endroits colorés où les oiseaux chantent.
Par ailleurs, l’insistance sur la vie de Dorothy au Kansas permet d’introduire certains des personnages principaux que la jeune fille rencontrera au pays d’Oz. Ainsi Miss Gulch, qui veut se débarrasser de Toto, donnera ses traits à la Méchante Sorcière de l’Ouest qui sera l’ennemie jurée de Dorothy au pays d’Oz. De la même façon, lorsqu’elle est au Kansas, l’héroïne s’entend bien avec trois ouvriers de la ferme dont l’Épouvantail, le Bûcheron de Fer Blanc et le Lion Peureux seront les reflets, aussi bien physiquement qu’au niveau de certains traits de caractère. D’une part, ce procédé permet de créer des liens entre le Kansas et le pays d’Oz aux yeux du spectateur afin que celui-ci ait quelques repères lorsqu’il suivra Dorothy là-bas. D’autre part, il aide aussi à justifier le fait que le voyage de Dorothy ne soit qu’un rêve (ce qu’il n’est pas dans le roman) puisque les personnages que l’on croise dans nos songes sont bien souvent le reflet de personnes que l’on côtoie ou que l’on a côtoyé dans la vie de tous les jours… et je vous avoue que si ma voisine avait voulu tuer mon chien (ou mon chat !), je n’aurais eu aucun mal à rêver d’elle en méchante sorcière !
À la lumière de ces éléments, on comprend que les scènes du film qui se déroulent au Kansas évoquent certes la tristesse et l’ennui aux yeux de Dorothy, mais aussi une certaine image de la stabilité et de la permanence des choses, d’où le coloris qui ne varie pas et qui ne peut donc être que sans surprises tandis que le pays d’Oz, avec ses multiples couleurs et les surprises qu’il peut réserver, apparaît plus instable, plus incertain. Par ailleurs, les scènes au Kansas encadrent les aventures de Dorothy telles des parenthèses qui contiendraient les rêveries dans lesquelles on s’évade d’une réalité un peu trop monotone. Ainsi, elles contextualisent le voyage de Dorothy en l’ancrant dans une réalité imaginaire, celle du rêve, qui n’est réelle que pour Dorothy et qui ne perturbera en rien son quotidien (ou celui de son entourage) après son réveil. Le spectateur est rassuré puisque chaque chose est à sa place et chaque élément trouve une explication rationnelle.
Un ton différent
Le ton adopté par le film est lui aussi différent de celui du roman à bien des égards. La tonalité générale du film est plus légère que celle du livre car le danger et la menace de l’ennemie y sont moins omniprésents et l’on se concentre davantage sur l’émerveillement de Dorothy qui découvre le pays d’Oz. Les moments de tension ne sont bien sûr pas absents, mais ils sont moins intenses, moins constants et moins violents que dans le roman. Les chansons qui ponctuent le récit contribuent par ailleurs largement à alléger le ton de la narration grâce à leurs mélodies et leurs rythmes entraînants.
Dans le roman, le danger rôde constamment, qu’il soit l’œuvre de la Méchante Sorcière de l’Ouest ou dû aux particularités des multiples contrées traversées par Dorothy et ses amis. Dans le film, la menace vient exclusivement de la Méchante Sorcière de l’Ouest. En outre, il est intéressant de remarquer que l’apparence de cette dernière est très différente dans le film par rapport au livre. Dans le film, elle est dépeinte comme une sorcière de conte de fées « classique » vêtue de noir, avec les traditionnels chapeau pointu, balai, long nez et doigts crochus. Elle a également le teint vert, ce qui n’est pas du tout le cas dans le roman où elle est bien moins conventionnelle : chez L. Frank Baum, elle est borgne (son œil valide est aussi puissant qu’un télescope et peut voir n’importe quoi n’importe où), a le teint pâle, a peur de l’eau (le film a repris ce dernier point) et de l’obscurité, et a comme attribut principal un parapluie au lien d’un balai. Contrairement à ce que l’on voit dans le film, elle ne vit pas dans un environnement sombre en raison de sa peur du noir, et les pièces de son château sont décrites comme très belles et non lugubres comme dans le film.
Cette différence dans la représentation de la Méchante Sorcière de l’Ouest est probablement due à la volonté du réalisateur de ne pas aller à l’encontre de l’idée que l’on se fait de la sorcière dans l’imaginaire collectif, dont le personnage du film est le parfait archétype. La sorcière du roman est en contradiction avec ce portrait, ce qui la rend d’une certaine manière encore plus effrayante puisqu’elle déstabilise le lecteur et ses certitudes.
Enfin, l’adoucissement du ton de la narration que l’on constate dans « Le Magicien d’Oz » de Victor Fleming en fait un film tout public que les enfants peuvent regarder (accompagnés d’un adulte, tout de même) sans craindre d’en ressortir traumatisés. Certes, la Méchante Sorcière de l’Ouest est inquiétante, mais elle reste bien moins effrayante que la sorcière dans « Blanche-Neige et les Sept Nains » de Walt Disney (la scène de la transformation est gravée dans toutes les mémoires !). Le roman peut bien sûr lui aussi être lu par les enfants (il est fait pour !), mais il est bien plus violent que le film, en particulier lors de certains affrontements où le Bûcheron se sert de sa hache pour terrasser les ennemis. Si l’image mentale que se fait un lecteur de ce genre de scène peut être assez banale et inoffensive, la représentation filmée avec des acteurs de chair et d’os produit un impact bien différent chez le spectateur jeune ou sensible car il aura du mal à adopter la bonne distance par rapport à ce qu’il voit. En adoptant dans son film un ton globalement plus léger que celui du roman, Victor Fleming a offert un voyage en pays d’Oz au public le plus large possible et a contribué à rendre cette histoire accessible à tous, au-delà du monde anglophone.
Une trame simplifiée
Une autre conséquence du changement de support de narration est la simplification de l’histoire. Si le roman de L. Frank Baum offre au lecteur un large panorama du pays d’Oz et permet d’en découvrir de nombreuses régions, laissant ainsi entendre que l’endroit est bien plus vaste que ce que l’on en voit, le film de Victor Fleming au contraire resserre la narration au maximum, ne présentant au spectateur que peu de lieux visités par Dorothy et ses amis. Bien sûr, ceci peut laisser le spectateur sur sa faim (à condition qu’il ait lu le roman !), mais il ne faut pas oublier qu’un film ne peut pas se permettre toutes les digressions que l’on peut trouver dans un roman, sous peine de perdre le spectateur d’une part, et sous peine de voir son budget s’alourdir et sa durée s’allonger considérablement d’autre part. C’est pourquoi toute adaptation d’une œuvre littéraire au cinéma exige de faire des choix qui ne feront sans doute pas l’unanimité mais qui aideront à la cohérence du film (du moins, aux yeux du réalisateur) et à sa compréhension.
Devant la grande richesse du roman, le réalisateur du film a opté pour une trame plus linéaire en se concentrant sur les principales étapes du périple de Dorothy et ses amis. Une fois au pays d’Oz, la quête principale de la jeune fille est de rentrer chez elle. Pour atteindre son objectif, elle doit d’abord se rendre à la Cité d’Émeraude pour demander au Magicien de la renvoyer chez elle. Arrivée là-bas, le Magicien l’envoie vaincre la Méchante Sorcière de l’Ouest, après quoi elle doit revenir le voir. Manquant le départ de la montgolfière du Magicien, c’est finalement l’intervention de Glinda qui lui permet de rentrer chez elle. Toutes ces étapes sont bien présentes dans le film et c’est sur elles que la narration se concentre, ne montrant ainsi au spectateur que les éléments indispensables à la bonne compréhension de l’histoire. Les rencontres de Dorothy avec ses trois amis sont bien sûr également présentes, de même que la traversée du champ de coquelicots soporifiques qui évoque les dangers naturels auxquels on peut s’exposer en parcourant le pays d’Oz.
Certes, le film présente une vision bien plus étroite du pays d’Oz que le roman, mais la narration n’en reste pas moins réussie. En allant directement à l’essentiel de la quête de Dorothy, le film garantit une unité qui lui est nécessaire pour rester cohérent et ne pas perdre le spectateur là où le roman peut prendre de plus grandes libertés et intégrer davantage d’étapes dans les aventures de Dorothy et ses amis. De plus, le réalisateur ayant adopté le parti pris de faire du voyage de Dorothy un rêve, il était indispensable d’adapter la trame du récit afin de donner une réalité plus palpable au Kansas, notamment en l’incluant plus longuement à l’écran qu’à l’écrit.
L’esthétique
Si le film « Le Magicien d’Oz » a marqué les esprits grâce à son scénario et à ses acteurs talentueux, il est aussi entré dans l’histoire du cinéma en raison de son esthétique sans pareille. Dès le départ, l’image joue sur les contrastes à travers le sépia qui caractérise le Kansas dans une riche palette de tons bruns. Ensuite, lorsque l’intrigue est déplacée au pays d’Oz, le changement est radical : on découvre un décor aux couleurs vives et chatoyantes, à la végétation luxuriante. De quoi transporter le spectateur dans une atmosphère féerique aussi brusquement que Dorothy a été projetée là par la tornade !
L’explosion de couleurs face à laquelle on se trouve accentue le caractère merveilleux du récit et l’on explore le pays d’Oz avec la même admiration que Dorothy qui le découvre grandeur nature. Tout au long du film, on a l’impression de voir se dérouler sous nos yeux un véritable conte de fées aux couleurs qui n’existent pas dans notre réalité (ou du moins dans les films de l’époque). Ceci est en grande partie dû au Technicolor, une technique particulière qui permettait justement d’obtenir à l’écran des couleurs très vives qui contrastaient avec ce que l’on avait alors l’habitude de voir au cinéma. Ce procédé très coûteux a notamment été utilisé pour « Blanche-Neige et les Sept Nains » (Walt Disney, 1937), « Les Aventures de Robin des Bois » (Michael Curtiz, 1938), « Autant en Emporte le Vent » (Victor Fleming, 1939) ou encore « Les Dix Commandements » (Cecil B. DeMille, 1956). Il confère à l’image un grain sans égal qui rend les couleurs si vivantes qu’elles en arrivent à jouer un rôle presqu’aussi important que les acteurs.
D’ailleurs, Victor Fleming, qui sort de l’éprouvant tournage de « Autant en Emporte le Vent » lorsqu’il se lance dans « Le Magicien d’Oz », a besoin de légèreté. Il décide donc d’utiliser le Technicolor de manière presque ludique pour offrir aux aventures de Dorothy une identité féerique et onirique encore jamais vue dans un film avec des acteurs de chair et d’os. Ainsi, il explore la saturation des couleurs et les contrastes au maximum, comme par exemple avec les Souliers de Rubis que porte l’héroïne. Dans le roman, lesdits souliers ne sont pas de rubis, pas plus qu’ils ne sont rouges. Au contraire, ils sont d’argent, une couleur difficile à mettre en valeur en Technicolor. Or, Fleming voulait impressionner par sa maîtrise de ce procédé. C’est donc la raison pour laquelle les Souliers d’Argent sont, d’un coup de baguette magique, devenus les Souliers de Rubis que tout le monde connaît. Ils sont d’ailleurs mis en avant à plusieurs reprises dans le film et leur couleur est si vive, leur brillance si éclatante, qu’ils ne peuvent être qu’enchantés !
Voilà qui fait du « Magicien d’Oz » de Victor Fleming un film à l’esthétique unique qui ne ressemble à aucun autre. Des décors peints sur de grands panneaux aux couleurs particulièrement éclatantes obtenues grâce à la grande maîtrise du Technicolor, le spectateur est immergé dans le pays d’Oz où rien n’est comme au Kansas. Il en résulte une œuvre visuellement très belle qui retranscrit sur tous les plans le merveilleux et la féerie qui font l’identité de l’histoire originale imaginée par L. Frank Baum.
« Le Magicien d’Oz » et l’inconscient collectif
À lumière de ce qui a été vu jusqu’à présent, on comprend aisément en quoi « Le Magicien d’Oz » de Fleming a marqué les esprits dès sa sortie et pourquoi il a rapidement acquis le statut de monument du cinéma tout en se faisant une place de choix dans le cœur des spectateurs, petits et grands. Il faut dire en effet que le film a permis à l’histoire originale de dépasser très largement les frontières du conte pour enfants en touchant les adultes de manière inédite pour ce genre de récit, si bien qu’il fait désormais partie de l’inconscient collectif à plusieurs niveaux. Qu’il s’agisse du langage courant, du cinéma, de la télévision, de la musique ou des loisirs créatifs, les références au « Magicien d’Oz » de 1939 dans la vie quotidienne sont innombrables et, pour la plupart, comprises universellement !
Langage courant et culture populaire
Simples citations ou expressions idiomatiques ?
Saviez-vous que « Le Magicien d’Oz » était présent jusque dans certaines des expressions que nous employons ? En effet, il arrive que les images utilisées dans le langage fassent référence au film de Fleming même si l’on ne s’en rend pas compte. Par exemple, si vous vous trouvez dans un contexte anglophone et que vous entendez quelqu’un évoquer des singes volants (en particulier dans une phrase telle que « I shall release my flying monkeys »), il s’agit d’une référence au film puisque les singes volants y sont au service de la Méchante Sorcière de l’Ouest et exécutent les missions les plus obscures qu’elle leur confie pour réduire ses ennemis à néant. Par conséquent, si quelqu’un autour de vous évoque son désir de lâcher ses singes volants, cela signifie que cette personne est, dirons-nous, passablement contrariée.
Dans le même esprit, une phrase emblématique du film s’est frayé un chemin vers le langage ordinaire. Lorsqu’elle sort de sa maison à peine atterrie après la tornade, Dorothy découvre son nouvel environnement qui est bien différent du Kansas. Elle dit alors à son petit chien : « Toto, I’ve a feeling we’re not in Kansas anymore » (« Toto, j’ai l’impression que nous ne sommes plus au Kansas. »). Lorsqu’elle est employée, cette citation peut signifier que l’on se trouve physiquement en dehors de notre zone de confort, dans un endroit où l’on n’a pas de repères, qui nous inquiète et que l’on ne connaît pas. Là encore, il est plus probable au quotidien d’entendre cette expression dans un contexte anglophone, mais il arrive qu’on l’entende également dans des films ou des séries et lorsque ces occurrences se produisent, tout le monde en reconnaît l’origine.
Sur les écrans
Puisqu’il en est question, le cinéma et la télévision intègrent eux aussi régulièrement des références au « Magicien d’Oz ». Bien sûr, il n’est pas question d’en dresser une liste exhaustive, mais voici toutefois quelques exemples très connus. En 1988, on se souvient notamment de la mort du terrible Juge DeMort (Judge Doom, en anglais) dans « Qui veut la peau de Roger Rabbit ? », qui fond au contact de sa solution à dissoudre les Toons comme le fait la Méchante Sorcière de l’Ouest lorsque Dorothy la mouille avec de l’eau. En 1990, le même sort est réservé à un gremlin qui, coiffé d’un chapeau de sorcière dans « Gremlins 2 », fond lui aussi lorsqu’il est mouillé.
Dans « Jumanji » en 1995, lorsque les singes s’échappent dans la ville et sèment la zizanie, ils s’arrêtent devant la vitrine d’un magasin où sont exposés des téléviseurs allumés qui montrent la scène du « Magicien d’Oz » où les singes volants s’en prennent à Dorothy et ses amis et enlèvent cette dernière. Les singes regardent les écrans et imitent les singes volants. Côté télévision, là encore les échos sont nombreux mais parmi les séries les plus diffusées, « Les Simpsons » fait sans nul doute partie de celles qui intègrent le plus de références au « Magicien d’Oz ».
Dans la musique
De la même façon, les musiciens se sont emparés du « Magicien d’Oz » et en ont imprégné leurs chansons. Par exemple, Elton John sort en 1973 un album intitulé Goodbye Yellow Brick Road, dont la pochette montre Elton John en train de rentrer dans une grande affiche collée sur un mur terne. Sur celle-ci est peinte la Route de Brique Jaune, qui part du bord inférieur de l’image et s’éloigne vers l’horizon, entourée d’une végétation arborant différents tons de vert. Chaussé de chaussures à plateforme de rubis, Elton John enjambe la limite entre son quotidien fait de musique (sur le trottoir au pied de l’affiche se trouvent un piano miniature et des notes de musique) et la Route de Brique Jaune en posant le pied sur cette dernière, s’évadant ainsi au pays d’Oz comme Dorothy avant lui.
De plus, le titre de l’album est également celui de l’une des chansons qui y figurent. Le narrateur y évoque bien sûr la Route de Brique Jaune, mais inclut aussi d’autres images de l’histoire de Dorothy et exprime son propre désir de quitter le pays d’Oz où il mène une vie d’opulence. Il souhaite revenir à la vie plus simple et plus discrète qu’il avait à la ferme (« I should have stayed on the farm / I should have listened to my old man »). Lassé de son séjour à Oz, il dit au revoir à la Route de Brique Jaune pour retourner à une vie plus authentique et plus ancrée [source]. « Goodbye Yellow Brick Road » est l’une des chansons les plus connues dans le vaste répertoire d’Elton John… et l’un de ses plus grands succès !
En 1974, le groupe America (que vous connaissez sûrement déjà pour « A Horse With No Name ») publie sur son album Holiday une chanson intitulée « Tin Man », dont le refrain fait référence au Bûcheron de Fer Blanc qui accompagne Dorothy dans sa quête. Dewey Bunnell, l’auteur-compositeur de la chanson, a d’ailleurs déclaré que « Le Magicien d’Oz » était son film préféré.
Pour terminer ce rapide tour d’horizon musical, je ne peux résister à l’envie de citer également le chanson « The Farm », qui figure sur l’album Nine Lives d’Aerosmith sorti en 1997. Ce morceau intègre plusieurs extraits du film de façon plutôt singulière. Lorsque la chanson commence, on entend la musique d’ambiance du film mais au lieu de la voix parlée de Judy Garland, c’est celle de Steven Tyler qui, imitant une enfant, prononce les mots que dit Dorothy en utilisant exactement le même ton. À ce moment-là, les passages cités sont celui où elle décrit l’endroit vers lequel elle aimerait s’évader (It’s not a place you can get to by a boat or a train / It’s far, far away, behind the moon, beyond the rain) et celui où elle s’aperçoit que Toto et elle sont bien loin du Kansas (Toto, I have a feeling we’re not in Kansas anymore). Au milieu de la chanson (vers 2:25), là encore la voix de Steven Tyler reprend le rôle de Dorothy et se superpose à la bande son du film pour répéter « Follow the Yellow Brick Road », accompagnée par celles des Munchkins qui encouragent la jeune fille à emprunter la Route de Briques Jaunes. Enfin, la chanson se termine sur un extrait sonore non modifié du film, où l’on entend cette fois les voix des acteurs chanter « [Épouvantail] And I’m sure to get a brain / [Bûcheron] A heart / [Dorothy] A home / [Lion] The nerve ».
Ce ne sont là que quelques exemples des hommages musicaux au « Magicien d’Oz ». Si vous tendez l’oreille (ou ouvrez les yeux), vous en remarquerez sans aucun doute beaucoup d’autres chez les artistes que vous écoutez !
Dans les loisirs créatifs
Certaines œuvres ont une place particulière dans le cœur du public, et s’il est un film qui a su s’attirer l’affection du plus grand nombre, c’est bien « Le Magicien d’Oz ». Il n’est donc pas étonnant de le voir inspirer aussi les créatifs dans de nombreux domaines !
Par exemple, les crocheteurs tirent souvent leur inspiration des mondes imaginaires, qu’ils soient issus de leurs lectures ou des films qu’ils regardent, et beaucoup d’entre eux aiment rendre hommage à l’univers imaginé par L. Frank Baum en utilisant tantôt l’esthétique des livres, tantôt celle du film. Ainsi, vous pouvez créer vous-même votre propre Dorothy (entre autres) au crochet ! Quelques pelotes (de coton de préférence), un crochet, du rembourrage, une paire d’yeux de sécurité, une aiguille, une paire de ciseaux et un peu de savoir-faire sont tout ce dont vous aurez besoin !
Si vous cherchez un modèle bien écrit, facile à suivre et relativement facile à réaliser (niveau intermédiaire), je vous recommande celui de Carla Mitrani, une créatrice dont j’aurai l’occasion de vous parler plus en détail d’ici quelque temps. Connue en tant que AmourFouCrochet sur Etsy, Carla Mitrani a créé de nombreux modèles d’amigurumis (figurines réalisées au crochet) que vous retrouverez dans sa boutique en ligne et dans ses livres. Sa Dorothy est directement inspirée du film de Victor Fleming puisqu’en plus d’être habillée et coiffée comme Judy Garland, elle porte les Souliers de Rubis.
Passionnée de crochet dès mes premiers essais en 2019, j’aime tout particulièrement réaliser des amigurumis. Par ailleurs, l’univers créé par L. Frank Baum m’est très cher depuis ma première rencontre avec celui-ci qui remonte à l’enfance. C’est pourquoi lorsque je suis tombée sur ce modèle, je n’ai pas pu résister au plaisir de le réaliser ! Voici donc ma petite Dorothy Gale (elle mesure 22-23 cm), entièrement faite main par mes soins, en suivant scrupuleusement le modèle mis au point par Carla Mitrani :
Comme on a pu le voir à travers ces quelques exemples dans des domaines variés, le public s’est largement approprié la vision du pays d’Oz proposée par Victor Fleming dans son film de 1939. « Le Magicien d’Oz » a marqué les esprits au point d’influencer le langage courant de façon inédite et s’est fait une place aussi bien dans les arts que dans les activités courantes de tout un chacun. Voilà qui témoigne de l’impact profond qu’il a eu et continue d’avoir encore aujourd’hui dans le paysage culturel et l’inconscient collectif !
Une musique inoubliable
Vous n’avez pas (encore) vu le film ? Qu’importe, vous en connaissez forcément la musique ! « Le Magicien d’Oz » compte un certain nombre de chansons écrites par Yip Harburg et composées par Harold Arlen, et si certaines demeurent plus connues que d’autres, toutes vous paraîtront familières à des degrés différents.
Des mélodies entraînantes
Si je vous dis « We’re off to see the Wizard, the wonderful Wizard of Oz », difficile de ne pas avoir en tête l’image de Dorothy s’élançant en sautillant, bras dessus bras dessous avec ses compagnons, sur la Route de Brique Jaune ! Cette chanson intervient à plusieurs reprises. Tout d’abord, lorsque les Munchkins encouragent Dorothy à emprunter la Route de Brique Jaune pour se rendre à la Cité d’Émeraude. Dorothy entonne ensuite ce refrain entraînant pour se mettre en route avec Toto. Elle recommence, avec l’Épouvantail qu’elle vient de rencontrer cette fois, lorsqu’elle invite celui-ci à venir avec elle voir le Magicien pour qu’il exauce son vœu, puis une nouvelle fois lors de leur rencontre avec le Bûcheron, et enfin une dernière fois lorsque le Lion se joint à eux. Voilà qui, outre la musique et les paroles bondissantes qui le caractérisent, contribue encore un peu plus à graver ce morceau de façon indélébile dans l’esprit du spectateur !
« Ding-Dong! The Witch Is Dead » est également un refrain bien connu du public, d’une part là encore en raison de sa mélodie et de son rythme entraînants qui restent en tête pour un long moment, et d’autre part à travers le rôle qu’il a joué dans un événement historique. Dans « Le Magicien d’Oz », ce refrain ponctue la longue scène durant laquelle tout le monde se réjouit du décès de la Méchante Sorcière de l’Est. Les Munchkins chantent, dansent, font des discours pour exprimer leur joie, une parade avec fanfare se forme pour faire de la mort de la Sorcière un jour de fête.
Saviez-vous que ce refrain est revenu sur le devant de la scène en 2013 lors d’un événement historique ? Le 08 avril 2013, l’ancienne Premier Ministre du Royaume-Uni Margaret Thatcher décède. La nouvelle est reçue avec une immense joie par ses opposants, qui utilisent « Ding-Dong! The Witch Is Dead » pour célébrer cet événement et parviennent à hisser la chanson dans les premières places des charts en l’achetant massivement sur les plateformes de téléchargement. L’assimilation de leur ex-Premier Ministre à la Méchante Sorcière de l’Est et les réjouissances à l’annonce de sa mort expriment l’affection démesurée qu’éprouvaient les sujets de la Couronne pour cette personnalité politique !
Une chanson à la dimension universelle
Si les chansons citées jusqu’à présent sont largement connues du grand public, celle qui a su se faire une place dans le cœur de tous comme nulle autre est sans aucun doute « Over The Rainbow ». Chantée au début du film par Dorothy lorsqu’elle évoque son ennui et son envie de s’évader vers un pays lointain qui serait en tout point différent du Kansas, cette chanson exprime un profond désir d’ailleurs. Chez son oncle et sa tante où tout est triste et terne, elle se sent prisonnière et aimerait par-dessus tout pouvoir s’envoler comme un oiseau pour aller de l’autre côté de l’arc-en-ciel « où le ciel est sans nuages et les soucis fondent comme des bonbons au citron », c’est-à-dire vers un monde sans tristesse et sans épreuves.
Si dans le film Dorothy désire ce qu’elle n’a pas pour finalement se rendre compte une fois au pays d’Oz (c’est-à-dire de l’autre côté de l’arc-en-ciel) qu’il n’y a rien qu’elle souhaite davantage que rentrer chez elle au Kansas, la chanson « Over The Rainbow » prend une dimension universelle puisque le besoin d’évasion qu’elle exprime prend une connotation différente en fonction de l’identité de l’interprète, du style musical dans lequel on la décline et du contexte dans lequel elle intervient. Ainsi, le désir de sortir de sa condition quelle qu’elle soit pour aller vers une existence meilleure dans un monde que l’on imagine comme idéal prend une dimension unique selon chaque version. C’est pourquoi il s’agit très certainement de l’une des chansons les plus reprises depuis son interprétation magistrale par Judy Garland dans le film de 1939.
Par exemple, Ella Fitzgerald la chante en 1961 en incluant l’introduction qui figure sur la partition originale mais qui n’a pas été utilisée dans le film, ce qui renforce le message véhiculé par le texte. En effet, si l’on met en regard le parcours de vie d’Ella Fitzgerald et ce qui est exprimé par « Over The Rainbow », on comprend aisément son envie d’interpréter cette chanson et pourquoi celle-ci lui était chère : si l’on se souvient d’elle aujourd’hui comme de la Grande Dame du Jazz, sa vie n’a pas toujours été faite de paillettes et de projecteurs. Ayant grandi dans la pauvreté jusqu’à l’adolescence, elle remporte un concours de jeunes talents à l’âge de 16 ans et commence ainsi sa carrière de chanteuse. Elle persévère jusqu’à se se lancer en solo à partir de 1941. Malgré le succès, elle subit des discriminations mais décide de se battre et de continuer de chanter. Elle connaît un succès mondial et est même la première femme noire à remporter un Grammy (elle en gagnera treize au total !). Encore aujourd’hui, elle reste un modèle de combattivité, de force et de résilience. Elle représente un précieux espoir, en particulier pour toute une communauté. En dépassant sa condition, Ella Fitzgerald a réussi à s’envoler pour aller de l’autre côté de l’arc-en-ciel, vers le pays dont parle Dorothy dans sa chanson. En interprétant « Over The Rainbow », elle incarne une Dorothy de son époque et de sa couleur de peau, et parvient à montrer, que ce soit en musique ou à travers son vécu, que l’idéal dont il est question dans ce morceau peut être atteint si l’on y croit et si l’on s’en donne les moyens.
Si vous aimez les belles voix simplement accompagnées d’une guitare, vous apprécierez certainement les versions d’Eva Cassidy (1996) et de Calvin Russell (1999). Ces deux artistes s’en tiennent aux parties chantées en 1939 par Judy Garland tout en emmenant le morceau dans leurs univers musicaux respectifs. Eva Cassidy propose une reprise émouvante dans laquelle sa voix puissante exprime toute la mélancolie que peut ressentir quelqu’un qui éprouve une profonde tristesse et qui souhaite s’évader vers un ailleurs dénué de souffrance où son mal-être disparaîtra. Son jeu à la guitare est sobre et élégant (et techniquement impeccable !), et met en valeur sa voix afin que l’auditeur profite de toutes ses nuances et puisse en percevoir toute la sensibilité.
Calvin Russell, quant à lui, reste fidèle au blues dans lequel il excelle, avec sa rythmique typique et sa voix profonde qui sait toucher la corde sensible en chacun. « Over The Rainbow » devient alors le message de quelqu’un qui a longuement parcouru les chemins de la vie et qui en a été abîmé. Ayant une expérience de la vie qui l’a rendu témoin et victime des souffrances que l’on y rencontre, le narrateur souhaite un monde meilleur. En effet, là où les autres interprètes chantent « Birds fly over the rainbow / Why, then, oh why can’t I? » et « If happy little blue birds fly / Beyond the rainbow / Why, oh why can’t I? », Calvin Russell finit ses phrases par « Why, then, oh why can’t you and I? ». Ici, la chanson prend une dimension collective et universelle car le narrateur aspire à un monde meilleur certes mais pour tout le monde, là où dans les autres versions il ne formule ce vœu que pour lui.
À première vue, on pourrait croire que « Over The Rainbow » n’exprime que le désir d’évasion de sa réalité d’une jeune fille issue d’un roman pour enfants mais lorsqu’on y regarde de plus près, on s’aperçoit qu’elle est le vecteur d’un message profond, et ce dès sa version originale. C’est d’ailleurs ce qu’ont mis en valeur les reprises examinées plus haut, en présentant cette chanson comme porteuse d’espoir et comme un véritable hymne pour les idéalistes qui souhaitent construire un monde meilleur pour tous. Chaque artiste apporte une couleur particulière à ce morceau et chaque version contribue à enrichir la palette de ses applications possibles.
Enfin, dans un autre registre, la reprise d’Israel « Iz » Kamakawiwo’ole, originaire d’Hawaï, est tout aussi remarquable. D’abord enregistrée en 1990, ce n’est qu’en 2010 que cette version où l’artiste s’accompagne au ukulélé est arrivée sur les ondes françaises, soit treize ans après son décès. Encore aujourd’hui, c’est certainement la reprise dont le grand public se souvient le mieux !
Une bonne surprise pour les amateurs de tarot !
Vous vous intéressez à la cartomancie et vous appréciez les beaux jeux ? Voilà qui tombe bien car l’univers du Magicien d’Oz (livres et film) s’invite aussi dans ce domaine ! Si vous êtes amateurs de tarots, vous connaissez certainement le Tarot of Oz de David Sexton, publié chez Llewellyn en 1997, qui s’inspire de l’univers d’Oz en général en s’appuyant sur les livres. Malheureusement, celui-ci est épuisé depuis un petit moment déjà et il est très difficile de se le procurer.
Si, comme moi, vous êtes déçus de n’avoir pu intégrer le Tarot of Oz à votre collection, rassurez-vous, il reste sans doute un espoir d’acquérir un jeu qui rend hommage à l’œuvre de L. Frank Baum en adoptant l’esthétique du film de Victor Fleming ! En effet, en faisant quelques recherches pour la rédaction de cet article, j’ai eu la bonne surprise de découvrir qu’un coffret appelé The Wizard of Oz Tarot Deck and Guidebook (écrit par Erica Davis et illustré par Davide Ortu) sortira en mars 2025 chez Insight Editions pour célébrer les 85 ans du film.
D’après les quelques cartes présentées sur les sites de vente, ce jeu me semble d’ores et déjà intéressant car non seulement il reprend l’esthétique du film (logique, pour un hommage !), mais la structure des cartes est également astucieuse. Qui plus est, je ne connais ni les créateurs de ce jeu, ni son éditeur, ce qui attise ma curiosité et mon impatience. J’aime découvrir de belles nouveautés en cartomancie comme dans tous les autres domaines auxquels je m’intéresse, et j’espère que mon enthousiasme sera récompensé lorsque j’aurai ce coffret dans les mains. Je ne manquerai pas de vous le présenter dans mon Chaudron en mai 2025 puisque le 17 mai marquera les 125 ans de la publication du roman The Wonderful Wizard of Oz. L’occasion sera parfaite pour faire quelque chose de spécial à travers une série d’articles sur l’univers du Magicien d’Oz durant tout le mois de mai… mais je ne vous en dis pas plus pour l’instant afin de préserver le mystère !
Pour marquer les 85 ans de l’œuvre de Victor Fleming, j’ai souhaité mettre en relief différents aspects du film, qui je l’espère vous donneront envie de le revoir ou de le découvrir. Encore aujourd’hui, « Le Magicien d’Oz » reste une œuvre cinématographique majeure à bien des niveaux. Que ce soit dans le langage, la culture populaire ou l’inconscient collectif, il nous accompagne jusque dans notre quotidien comme ne le font que peu d’autres films !
Vous l’aurez certainement compris à ce stade, « Le Magicien d’Oz » est l’un de mes films préférés. Vous aurez aussi sans doute deviné que le roman The Wonferful Wizard Of Oz de L. Frank Baum est particulièrement cher à mon cœur… à tel point que si vous prenez des cours particuliers avec moi, vous aurez la chance d’aider Dorothy grâce à un exercice ludique !
Et vous, aimez-vous cet univers ? Si tel est le cas (j’imagine que ça l’est, si vous m’avez lue jusqu’ici !), vous allez être ravis car comme je l’évoquais plus haut, 2025 sera une année Magicien d’Oz puisque le mois de mai marquera les 125 ans de la publication du premier roman situé au pays d’Oz. À cette occasion, préparez-vous à voir apparaître dans mon Chaudron une série d’articles consacrée à ce monde merveilleux !
(© Morrigann Moonshadow, le 30 août 2024. Reproduction partielle ou totale strictement interdite.)