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Que célèbre-t-on lors du Solstice d’Été?
Le Solstice d’Été marque certes le début de la saison estivale sur notre calendrier actuel mais pour les Païens et les Néo-Païens, ce sabbat annonce que l’on a parcouru la moitié de la saison lumineuse, appelée « été » dans leurs traditions (l’autre moitié de l’année, la Saison Sombre, est quant à elle appelée « hiver »). C’est pourquoi on le nomme la plupart du temps Midsummer, qui signifie « milieu de l’été »). Parmi ses nombreux autres noms, le plus répandu est sans doute Litha, auquel les linguistes attribuent des origines saxonnes.
Aujourd’hui, Midsummer/Litha compte souvent parmi les sabbats favoris des Néo-Païens, certainement parce qu’il est synonyme du début de l’été et de l’arrivée imminente des grandes vacances, mais aussi en raison de la beauté de la Nature dont l’épanouissement est complet. En cette saison, la plupart des activités se fait en extérieur, ce qui permet de profiter de la Nature et de ce qu’elle a à offrir, et les préoccupations sont tournées vers les relations sociales et tout ce qui favorise l’extériorisation, le rayonnement et la concrétisation des projets.
Mais au fait : d’où viennent ces habitudes ? Que célèbre-t-on au Solstice d’Été ? En quoi constitue-t-il un basculement important dans le cycle des saisons décrit par la Roue de l’Année ? C’est ce que je vous propose de découvrir à travers quelques-uns des principaux aspects de ce sabbat.
Le Solstice d’Été et la Roue de l’Année
Sur la Roue de l’Année, le Solstice d’Été se trouve face à Yule, le Solstice d’Hiver. Ainsi, le jour le plus long de l’année s’oppose naturellement au jour le plus court. Comme on peut s’y attendre, cette disposition singulière marque un point important dans le cycle dépeint par la Roue de l’Année, tant dans la symbolique générale que revêt ce sabbat que dans ses implications au niveau des cycles de vie de la Déesse et du Dieu.
Symbolique générale
De l’abondance…
Comme évoqué plus haut, le Solstice d’Été marque le jour le plus long de l’année et, en toute logique, la nuit la plus courte. Le soleil y est à son apogée puisqu’il n’a cessé de gagner en force depuis le Solstice d’Hiver où les jours ont commencé à rallonger. C’est pourquoi le sabbat associé à ce moment-clef est principalement dédié à l’astre solaire et au Dieu qui l’incarne. On y célèbre ainsi l’abondance de la Nature, apportée par le soleil et par le Dieu qui, sous les traits de l’Homme Vert, l’a nourrie et s’en est occupé de façon à ce qu’elle puisse s’épanouir pleinement.
Le soleil à son zénith diffuse la force de ses rayons sur l’ensemble du vivant et alimente de son énergie les projets en cours de concrétisation. Ainsi, le Solstice d’Été qui se trouve au cœur de la Saison Lumineuse est le moment idéal pour l’expression de soi, pour l’extériorisation et pour laisser libre cours à la créativité artistique. Il est aussi le moment idéal pour espérer la réussite et le triomphe sur l’adversité puisque ceux-ci sont aidés par la force du Dieu qui est à son maximum.
… au déclin
Si le Solstice d’Été apporte abondance, joie, et favorise les victoires sur le plan concret, il est cependant le point à partir duquel ces aspects commencent à décliner et continueront à décliner jusqu’au Solstice d’Hiver. En effet, une fois le solstice passé, les jours raccourcissent et les nuits rallongent, gagnant ainsi peu à peu du terrain jusqu’à dominer à partir de l’équinoxe d’automne. En d’autres termes, Litha est certes un moment de grandes réjouissances marqué par un ensemble de rites destinés à exprimer et à partager cette joie collective, mais il constitue également le point de basculement qui amorce l’arrivée prochaine de la Saison Sombre. Ainsi, les célébrations du Solstice d’Été sont empreintes à la fois de joie et d’une certaine tristesse car dès le sabbat passé, on anticipe la venue de la Saison Sombre.
Le saviez-vous ?
Les festivités autour du solstice d’été observées par les Païens ont donné naissance à la Saint-Jean ! En effet, lors de la christianisation des contrées païennes, les Chrétiens avaient coutume de récupérer les fêtes chères à ces populations, comme ce fut le cas par exemple pour Samhain (qui est devenue la Toussaint), Yule (Nöel), et Imbolc (la Chandeleur) pour n’en citer que quelques-unes. Le Solstice d’Été n’a pas échappé à cette tendance puisque les Chrétiens en ont réadapté certains aspects et traditions pour en faire la Saint-Jean (fixée au 24 juin tandis que la date du solstice change d’année en année puisqu’il s’agit d’un phénomène astronomique). On pense par exemple entre autres aux feux de la Saint-Jean, hérités des feux autour desquels on dansait pour célébrer le soleil.
La Déesse au Solstice
À Beltane, la Déesse a accompli le Grand Rite avec le Dieu et depuis, elle porte en elle le nouveau Dieu qui naîtra à Yule. À Litha, elle prend pleinement conscience de son état et de sa fertilité qui se matérialise à travers l’enfant qui grandit dans son ventre. Elle est alors à l’image de la Nature et de toute l’abondance qu’elle a à offrir en cette saison. La fertilité de la Nature, elle aussi à son maximum, se reflète en la Déesse sous la forme de la figure solaire qu’elle porte en elle.
Il est intéressant de remarquer que la période de gestation au terme de laquelle le Dieu renaîtra coïncide avec le déclin de la lumière, visible à travers le raccourcissement des jours. La Déesse abrite en elle le Dieu qui a besoin de se mettre en retrait pour arriver à maturité pour ensuite revenir sur le plan concret lors de sa naissance et gagner à nouveau en force pour grandir jusqu’au Solstice d’Été suivant.
Le Dieu au Solstice
L’incarnation de la force de la Nature
Si la Déesse attend le Dieu qui naîtra à Yule, quel est le Dieu évoqué plus haut qui, sous les traits de l’Homme Vert, protège la Nature et en incarne toute la force que lui confère le soleil alors à son zénith ? Ce Dieu, que l’on honore et dont on veut s’assurer la bienveillance et la protection à Litha, n’est autre que celui qui est né à Yule dernier. Celui-ci a grandi, gagnant au passage en force, en puissance et en sagesse, et c’est lui qui atteint son apogée lors du Solstice d’Été. C’est aussi lui, bien sûr, dont la force commence à décliner une fois le basculement apporté par le solstice effectif.
Le combat du Roi Houx et du Roi Chêne
D’après les mythes dépeints par la Roue de l’Année, ce déclin est amorcé par le combat du Roi Houx et du Roi Chêne, qui a lieu au moment du Solstice d’Été et qui illustre la lutte entre l’obscurité et la lumière qui se tient à ce moment de l’année. Lors de cet épisode, le Roi Houx et le Roi Chêne s’affrontent afin de déterminer lequel régnera sur la Nature jusqu’au Solstice d’Hiver. Le Roi Chêne est défait et le Roi Houx victorieux. C’est donc ce dernier qui prend le relais jusqu’à Yule.
Dans ce combat, le Roi Chêne symbolise la lumière qui croît (le jeune soleil qui gagne en force) tandis que le Roi Houx incarne la lumière qui perd peu à peu du terrain à mesure que le soleil vieillit et s’épuise. Le premier apparaît sous les traits d’une figure masculine dans la force de l’âge (d’où son nom) alors que le second est un homme âgé dont la force décline avec le temps qui passe.
Le combat qui a lieu au Solstice d’Été reflète le phénomène astronomique puisqu’il dépeint la lutte symbolique entre la lumière et l’obscurité, et la victoire de la seconde sur la première se matérialise dans le basculement qui s’opère vers la Saison Sombre. À l’image du Roi Chêne qui a perdu, la lumière s’incline devant l’obscurité et le soleil commence à décliner. Son énergie décroît pour laisser place à un Dieu plus âgé qui régnera jusqu’à Yule.
Lors du Solstice d’Hiver (Yule), le Roi Houx et le Roi Chêne se battront à nouveau mais cette fois, l’issue du combat sera différente. Le Roi Chêne gagnera et le Roi Houx ira mourir (symboliquement). La lumière sera victorieuse et les jours commenceront à rallonger, jusqu’au Solstice d’Été suivant où les deux rois se rencontreront à nouveau et ainsi de suite.
Quelques aspects à explorer au cours des célébrations
Le Solstice d’Été est le sabbat dédié au soleil par excellence. On y célèbre avant tout sa force, ce qu’il nous apporte, et la manière dont ses bienfaits se manifestent autour de nous. Ainsi, la Nature tient une place centrale dans les festivités car les rayons et la lumière du soleil l’ont nourrie des mois durant pour la rendre belle et luxuriante. À travers cette magnificence, on est sensible à l’esthétique, à l’abondance, et à la créativité car si l’on prend le temps d’observer la Nature, on ne peut qu’être surpris par ses richesses.
C’est pourquoi le Solstice d’Été est particulièrement propice aux activités artistiques et créatives. L’inspiration dont on est habité pousse à créer, à pratiquer les disciplines que l’on aime et qui nous rendent heureux. Ce moment de l’année favorisant la concrétisation et l’extériorisation, il aide les artistes et les créatifs à s’exprimer de façon concrète à travers leurs canaux respectifs : ce qui appartenait jusqu’à présent au royaume des idées et de la réflexion peut alors s’extérioriser et être livré au monde matériel et concret.
Cette possibilité de concrétisation prend d’ailleurs forme dans tous les domaines de l’existence. Ainsi, on considère traditionnellement que le moment est idéal pour réaliser les projets qui nous tiennent à cœur, qu’il s’agisse de les finaliser ou de définir les stratégies qui s’avéreront payantes dans leur concrétisation. On peut par exemple s’attacher à trouver des solutions effectives pour une difficulté que l’on rencontre dans la vie de tous les jours, qu’il s’agisse d’un conflit, d’une habitude dont on souhaite se débarrasser, d’un changement que l’on désire apporter à sa vie, ou encore de projets personnels ou professionnels que l’on aimerait réaliser. S’il est un sabbat qui met à notre disposition toutes les énergies susceptibles d’aider à la résolution des difficultés et au triomphe sur l’adversité, c’est bien celui célébrant le Solstice d’Été !
Pour aller plus loin
Les quelques éléments présentés jusqu’à présent ne donnent bien sûr qu’un aperçu partiel de ce que représente le Solstice d’Été car il serait impossible d’aborder toutes les facettes de cette fête dans un seul article. Cependant, si vous souhaitez faire plus ample connaissance avec ce sabbat, voici quelques idées.
Un peu de lecture
S’il existe une multitude d’ouvrages abordant plus ou moins rapidement les sabbats, il est également possible d’en trouver d’autres, généralement publiés sous forme de séries, qui se consacrent à une seule fête à la fois afin d’en développer les nombreux aspects. En voici deux, spécifiquement dédiés au Solstice d’Été, dont je vous recommande particulièrement la lecture si vous voulez approfondir vos connaissances.
Le premier (à gauche sur la photo) s’intitule Midsummer: Magical Celebrations of the Summer Solstice. Écrit par Anna Franklin, il revient sur l’histoire des célébrations autour du solstice d’été dans différentes cultures anciennes, et présente les coutumes qui lui sont associées en explicitant les liens entre les traditions modernes et anciennes. La magie et la divination sont également à l’honneur, de même que l’utilisation des plantes et les rituels estivaux. Les gourmands seront aussi ravis d’y trouver des recettes de cuisine qui titilleront leurs papilles. [Référence : FRANKLIN Anna. Midsummer: Magical Celebrations of the Summer Solstice. St Paul, MN: Llewellyn Publications, 2002]
Le second (à droite sur la photo), toujours publié chez Llewellyn, est écrit par Deborah Blake et illustré par Mickie Mueller, qui sont elles aussi deux personnalités respectées dans le domaine de la Wicca et du Néo-Paganisme. Il s’intitule Midsummer: Rituals, Recipes & Lore for Litha et fait partie de la série « Llewellyn’s Sabbat Essentials ». Il explore bien sûr les traditions anciennes et modernes liées au sabbat, et propose des idées de rituels, de divination, de pratiques magiques, de recettes de cuisine et d’activités créatives qui viendront sans nul doute nourrir votre inspiration pour célébrer le Solstice d’Été. [Référence : BLAKE Deborah. Midsummer: Rituals, Recipes & Lore for Litha. Woodbury, MN: Llewellyn Publications, 2015]
Quelques jeux divinatoires
Vous souhaitez inclure des tirages de cartes dans vos célébrations ? Je vous invite à lire cet article, qui revient sur le thé découverte qui s’est tenu en juin 2016. Vous y trouverez des aspects complémentaires à ceux qui ont été mis en avant ici et découvrirez des jeux divinatoires parfaits pour la saison. Voilà qui vous donnera quelques idées de supports divinatoires à utiliser… ou à ajouter à votre collection !
Découvrir des jeux divinatoires de saison
Connaissez-vous les Consultations des Sabbats ?
Vous aimeriez profiter du Solstice d’Été mais vous ne savez pas par où commencer ? Chaque année à la même période, je propose des consultations spécialement dédiées à Litha afin de vous aider à découvrir les différents aspects de cette fête à travers des tirages mis au point par mes soins. Non seulement ils vous permettent de faire connaissance avec les mythes, les légendes, les traditions et les symboles associés au Solstice d’Été, mais ils vous offrent aussi la possibilité de mettre à profit le sabbat et les énergies qu’il met à votre disposition pour avancer de façon concrète et aller ainsi vers la réalisation de vos projets.
Afin de vous immerger le plus possible dans l’atmosphère propre au Solstice d’Été, les tirages proposés dans ces consultations sont réalisés avec des jeux représentatifs de la saison, comme par exemple le Forest of Enchantment Tarot (de Lunaea Weatherstone et Meraylah Allwood) et le Green Witch Tarot (de Ann Moura et Kiri Østergaard Leonard), qui mettent la Nature à l’honneur. Grâce à eux, plongez dans la magie de la forêt et des traditions liées aux cycles de la Nature !
Pour se divertir
Vous aimez vous évader par la musique et la lecture ? Côté musique, vous passerez alors un très bon moment avec Modest Moussorgski et l’impressionnant « Une Nuit sur le Mont Chauve », qui raconte une nuit de la Saint-Jean cauchemardesque durant laquelle se tient un sabbat. Vous en trouverez de nombreux enregistrements et, si vous êtes cinéphiles, cela vous donnera un prétexte pour regarder Fantasia (Disney, 1940) qui en propose une illustration inoubliable. Les pianistes les plus courageux pourront également se lancer dans l’apprentissage de cette pièce grâce à la version de Nikolai Rimskij-Korsakow (qui était l’arrangeur de Moussorgski) transcrite pour piano par C. Tchernow, que l’on trouve aux éditions Breitkopf & Härtel (voir photo).
Côté littérature, si vous aimez la forêt et ses mythes, je ne peux que vous recommander le recueil de nouvelles intitulé The Green Man: Tales From the Mythic Forest, compilé et édité par Ellen Datlow et Terri Windling. Ce volume contient dix-huit poèmes et nouvelles écrits par des auteurs de fantasy et de littérature fantastique. Si vous êtes prêts à suivre ces conteurs hors pair sur les sentiers des forêts les plus denses et à vous exposer à des rencontres féeriques, ce volume est fait pour vous ! [Référence : DATLOW Ellen, WINDLING Terri (ed.). The Green Man: Tales from the Mythical Forest. Harmondsworth: Viking (Penguin Books), 2002]
Les quelques éléments présentés ici ne constituent bien sûr qu’un bref aperçu des multiples aspects du Solstice d’Été. Dans cet article, je me suis surtout intéressée à dresser un panorama général quant à la symbolique du sabbat dans le cycle de la Roue de l’Année et à ce qui arrive à la Déesse et au Dieu. Il y aurait évidemment bien plus à en dire, sans compter les nombreuses facettes du sabbat que je n’ai pu aborder pour l’instant mais qui feront sans doute l’objet d’autres articles ultérieurement.
J’espère néanmoins que les notions abordées ici vous auront aidés à faire connaissance avec le Solstice d’Été, qu’elles vous auront inspirés… et qu’elles vous auront donné envie d’approfondir le sujet !
Je vous souhaite un merveilleux Litha !
(© Morrigann Moonshadow, le 20 juin 2024. Reproduction partielle ou totale strictement interdite.)