« La Mécanique du Cœur »: un conte envoûtant!

Intriguée par la bande-annonce du film intitulé « Jack et la Mécanique du Cœur » qui sort dans les salles obscures ce mercredi 05 février, j’ai décidé de lire le conte écrit par Mathias Malzieu… et j’en suis ravie ! C’est un véritable voyage poétique au cœur de l’âme humaine qui s’est offert à moi, me transportant à travers un large éventail d’émotions rarement aussi bien exprimées par des mots, et encore plus rarement retranscrites avec autant d’élégance.

L’histoire

Le Chaudron de Morrigann: "La Mécanique du Cœur", éd. Jai LuSans trop en dévoiler sur l’histoire pour ne pas gâcher le plaisir de ceux et celles qui s’apprêtent à se lancer dans cette aventure, je dirai simplement que l’ouvrage narre à la première personne l’histoire de Jack, un enfant né en 1874 en Écosse le jour le plus froid du monde. À sa naissance, son cœur est littéralement gelé et, afin de le « réparer », sa nourrice lui installe un coucou (l’horloge) destiné à remplacer l’organe défectueux. Tout au long de sa vie, Jack doit apprendre et expérimenter les fonctionnements de ce cœur qui bien souvent reste pour lui un mystère. Il tentera tant bien que mal de gérer ses émotions – notamment la colère, l’amour et la tristesse – en essayent de comprendre cette étrange mécanique à laquelle son cœur si particulier obéit. Ainsi, il en apprendra beaucoup sur lui-même certes, mais également sur les autres et sur l’âme humaine en général.

Un conte poétique et envoûtant

La Mécanique du Cœur est un conte pour adultes, mais que ceux que les contes rebutent se rassurent : l’appartenance à ce genre n’est ici ni un prétexte pour la mièvrerie, ni pour les bons sentiments dégoulinants, pas plus qu’il n’en est un pour la niaiserie, bien au contraire. C’est en véritable orfèvre des mots, en horloger de la langue que Mathias Malzieu s’illustre. Il y avait en effet bien longtemps que je ne m’étais pas émerveillée à la fois du style irréprochable d’un auteur français, de sa syntaxe impeccable et de la profondeur de son récit ! Tout ceci contribue à créer une atmosphère onirique où l’on aime se laisser porter par la vague douce mais puissante des mots dont la musique devient entêtante et envoûtante. L’auteur est musicien et écrit des textes destinés à être chantés, et cette musicalité est présente dans chacune de ses phrases, ce qui ne rend l’ensemble que plus agréable à lire !

Le Chaudron de Morrigann: "La Mécanique du Cœur", Mathias MalzieuComme je l’évoquais plus haut, j’ai rarement lu des livres où la complexité des sentiments et des mécanismes humains étaient aussi bien décrits, à l’état brut, sans concession. Or, j’ai découvert en l’écriture de Mathias Malzieu des qualités comparables – toutes proportions gardées, bien sûr ! – à ce que l’on trouve chez Oscar Wilde en général (et en particulier dans ses contes) ainsi que chez Tim Burton. Oscar Wilde avait une incroyable capacité à exprimer toute la profondeur des sentiments humains, si durs soient-ils, avec une apparente aisance et sans s’épancher inutilement. Voilà qui donnait à ses contes plusieurs niveaux de lecture et qui n’entachait jamais le plaisir de plusieurs relectures ! Quant à Tim Burton, j’ai toujours été impressionnée par la manière dont il parvient également, à l’écrit comme à l’écran, à retranscrire avec une grande finesse la complexité de l’être humain et la profonde humanité de celui que l’on appelle « monstre ». J’ai eu un immense plaisir à retrouver ces traits dans l’écriture de Mathias Malzieu, tant dans les tempêtes de sentiments qui agitent et perturbent Jack que dans la pureté de chacun des personnages présentés. Les apparences ne reflètent pas toujours la réalité, et dans La Mécanique du Cœur, ceci est valable tout autant pour le héros que pour ceux dont il croise la route !

De même, ici, point de manichéisme primaire : le héros, comme son « adversaire », passe par toute la palette d’émotions qui peuvent animer l’être humain. Ainsi, nul n’est « blanc » ou « noir », et l’on comprend ce qui pousse chacun à agir comme il le fait. Il ne s’agit pas de juger telle ou telle réaction, car ceci est rendu impossible par la narration à la première personne par Jack lui-même. On suit alors pas à pas le cheminement de ses pensées, de ses sentiments et de ses émotions quels qu’ils soient. On voit ainsi jusqu’au plus profond de son âme, jusqu’au fond de son cœur, ce cœur qu’il tente de dissimuler aux autres. Le procédé narratif est habile et efficace puisqu’au final, on se retrouve tout aussi incapable de porter un jugement sur les agissements de certains autres personnages qui se révèlent assaillis par des troubles sentimentaux similaires à ceux de Jack !

En d’autres termes, ce conte est un véritable petit bijou de poésie, d’humanité… et de réalisme ! Si le décor est merveilleux, le propos, lui, même s’il est fortement teinté d’onirisme, est on ne peut plus représentatif des fonctionnements réels de l’âme et du cœur humains : il relate la difficulté que les hyper-sensibles peuvent rencontrer pour se construire d’un point de vue émotionnel et pour exprimer ce qu’ils ressentent, mais décrit tout aussi bien le fait que les certitudes et les carapaces que l’on croit parfois avoir peuvent voler en éclat et notre être se révéler aussi fragile que celui que l’on prend pour un « faible ».

Voilà donc un récit qui ne laissera aucun lecteur indifférent, car chacun pourra se reconnaître à un moment ou à un autre en les personnages et en ce qu’ils vivent et éprouvent. J’aurai grand plaisir à offrir ce volume autour de moi car en plus d’être une lecture très agréable, il est une magnifique ouverture sur l’âme humaine !

Bonne lecture !

(© Morrigann Moonshadow, le 05 février 2014. Reproduction partielle ou totale strictement interdite.)

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2 commentaires

  1. Bonjour Morrigann,

    Que dire à la lecture d’une si belle critique? Qu’évidemment tu donnes une grande envie de lire ce livre, j’aimerais que l’auteur puisse prendre connaissance de ton texte. Entre onirisme et profondeur de l’âme humaine, c’est naturellement quelque chose qui m’interpelle, je te remercie d’attirer notre attention sur ce livre. (Je dis livre et non pas film car je préfère toujours le livre à son adaptation cinématographique).

    Merci et belle journée, bises.

    • Coucou Triskèle!

      Contente d’avoir su te mettre l’eau à la bouche! Tu verras, c’est un conte magnifique qui te transportera et saura même sûrement te tirer quelques larmes! N’hésite pas une seconde: si tu veux passer un bon moment, réserve-toi un après-midi dans ton fauteuil préféré, du thé à déguster à portée d’une main… et le livre dans l’autre… tu m’en diras des nouvelles!

      Je n’ai pas encore vu le film, mais cela ne saurait tarder… dès que j’ai un après-midi de libre, je file au ciné!

      En tout cas, un grand merci pour ton gentil commentaire… il me touche beaucoup!

      Je te souhaite une très belle journée,
      Bises,
      Morrigann

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