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Oracle of Shadows & Light, édition originale (Lucy Cavendish, Jasmine Becket-Griffith)
Texte : Lucy Cavendish
Illustrations : Jasmine Becket-Griffith
Éditeur : Blue Angel
Présentation
Un joli coffret cartonné de la taille d’un livre, plutôt solide, renferme les cartes et le livre accompagnateur (broché, 136 p.).
Les cartes
Qualité et taille
Les cartes sont de bonne qualité, soignées, cartonnées et glacées. Plutôt grandes, elles sont plus hautes et plus larges que celles d’un tarot standard. Ceci présente l’avantage de mettre en valeur les magnifiques illustrations de Jasmine Becket-Griffith et permet d’en admirer les détails, les nuances de couleurs, etc. Pour ceux ou celles qui seraient gênés par ces dimensions de peur que cela les empêche de mélanger les cartes correctement, je conseille de les battre non par le côté le plus long, mais l’autre. Sinon, les brasser reste tout aussi efficace.
Une fenêtre ouverte sur l’Autre Monde
Bien que l’oracle n’ait pas de structure particulière, les 45 lames sont numérotées en haut au centre. Chacune est habillée d’une bordure imitation pierre décorée qui prend l’allure d’une fenêtre de l’autre côté de laquelle se tiennent les personnages. On a ainsi l’impression qu’à travers chaque carte s’ouvre une porte qui permet de dialoguer avec les fées qui délivrent leurs messages. À l’intérieur de la « fenêtre » se trouve l’image que l’on interprétera. Le bas de l’illustration contient le nom de la fée représentée et une formule rapide qui résume son message.
Une atmosphère singulière
Visuellement, les illustrations sont assez sombres dans l’ensemble. D’inspiration gothique et romantique, elles contiennent un petit quelque chose d’enfantin puisque les fées ont l’air plutôt jeunes et ressemblent pour la plupart à des petites filles. Cela dit, il ne faut pas s’y méprendre, car malgré leurs têtes rondes et leurs grands yeux, elles n’ont rien de puéril, que ce soit dans leurs messages ou dans ce qu’elles dégagent.
Ainsi, chaque lame contient une atmosphère qui lui est propre, jouant tantôt sur les dégradés de couleurs, tantôt sur les contrastes francs, ce qui peut déjà guider dans la lecture des tirages. Par exemple, on remarque que les cartes qui sont tout en dégradés de mêmes gammes de tons conseillent plutôt le recueillement, la réflexion et le retrait, tandis que celles dont les couleurs tranchent conseillent souvent la prise de décision et l’action. Ceci est habile de la part des auteurs, car elles réussissent ainsi à capturer l’essence des fées en revenant à leur envergure originelle.
L’adage populaire dit que les yeux sont le reflet de l’âme. Celui-ci pourrait bien s’appliquer aux personnages dépeints dans ce jeu. En effet, qu’ils soient immenses ou tout petits, toutes les fées possèdent des yeux très expressifs, qui semblent refléter tantôt de la tristesse et de la mélancolie, tantôt une forme de défiance, d’agressivité et de détermination. Là encore, une manière intéressante pour les créatrices de montrer les différentes facettes des êtres qu’elles représentent.
Le livret accompagnateur
L’objet est soigné : un livre de 136 pages, broché, dont la couverture cartonnée et glacée est en couleur. L’intérieur est en noir et blanc.
Il se divise en deux principales parties : une introduction d’une trentaine de pages, suivie de fiches consacrées à chaque carte.
L’intention des créatrices
L’introduction revient sur la façon dont les auteurs ont construit leur oracle, sur les messages qu’elles ont voulu y faire passer et les inspirations qui ont été les leurs. Ainsi, l’influence païenne est avouée dès le départ dans l’avant-propos. Les entrelacements entre et la complémentarité de l’ombre et la lumière sont aussi abordés, de même que la notion selon laquelle être « différent » ne veut pas forcément dire être « néfaste » ou « dangereux ». Au contraire, on est encouragé à se détacher de ses préjugés et de ses craintes de l’inconnu.
Lucy Cavendish en profite pour développer sa vision des personnages qui sont présentés ici, afin de montrer que c’est justement dans la différence que les êtres se construisent, et que c’est justement cette différence, cette non-conformité à un moule préétabli qui fait leur force. Voilà qui est l’occasion de revenir sur les notions d’équilibre qui font le Monde et de rappeler qu’envisager celui-ci comme n’étant que lumière est finalement tout aussi dangereux que de n’en voir que le côté sombre. À travers ces principes, les fées de l’oracle sont présentées comme incarnant cet équilibre.
Considérations pratiques
Sous forme de questions-réponses, l’auteur poursuit en donnant quelques conseils sur l’utilisation de cet oracle, que ce soit au niveau du déroulement d’une consultation ou de certaines connaissances fondamentales qu’il convient de posséder au préalable. Elle propose ensuite plusieurs formes de tirages qui permettent d’aborder le jeu de façon simple et progressive. Elle termine sur quelques recommandations supplémentaires.
Les significations des cartes
La seconde partie du livret, qui concerne les significations des lames, est composée de fiches qui suivent toutes le même modèle : une reproduction de la carte en noir et blanc suivie d’une phrase-clé (le message principal de la fée) pour commencer, puis trois paragraphes assez longs, dont le premier raconte l’histoire du personnage dépeint. Le deuxième donne directement la parole à la fée qui délivre ainsi un message « de vive voix » tandis que le troisième donne la portée divinatoire de la carte de manière assez détaillée.
Cette présentation est pratique car elle permet dans un premier temps de « faire connaissance » avec la fée qui nous fait face. Ainsi, on décrypte les différents éléments que l’on voit sur l’illustration en leur donnant une valeur symbolique et l’on comprend l’état d’esprit de la créature, ce qui facilite les liens entre les aspects symbolique, psychologique et divinatoire.
Remarques
Oracle of Shadows & Light est un très bon jeu qui mérite d’être connu. Les 45 cartes forment un ensemble cohérent et équilibré. En effet, les lames ne sont ni « bonnes » ni vraiment « mauvaises » dans l’absolu. Ainsi, elles prodiguent des conseils plus qu’elles ne prédisent, et même dans l’obscurité la plus épaisse il est possible d’entrevoir une lueur d’espoir. Les ombres et la lumière viennent se contrebalancer, d’où le nom de l’oracle.
Qui sont les fées qui peuplent cet oracle ?
Leurs origines anciennes…
Ce jeu rappelle que toute lumière contient une part d’obscurité, mais également que l’obscurité renferme une part de lumière. C’est aussi le cas des fées, qui n’ont ici rien à voir avec les petits êtres farceurs, espiègles et frivoles popularisés par l’Ère Victorienne (on pensera par exemple à la Fée Clochette). Malgré leur air enfantin, celles de l’oracle de Lucy Cavendish et Jasmine Beckett-Griffith sont fidèles aux anciennes traditions, en cela qu’elles sont à la fois belles et terribles. Le mot « fée » (« fay » -> « fairy » en anglais) vient du latin fatum (pl. fata) qui signifie destin (« fate », en anglais). Par conséquent, les fées agissent de façon significative sur le destin de ceux qu’elles rencontrent. C’est ce que montrent bon nombre de récits médiévaux tels que les lais bretons, par exemple. De plus, les traditions médiévales montrent que les fées sont en réalité des figures divines qui ont été diminuées suite à la christianisation des peuples.
Chez les Celtes par exemple, les Tuatha Dé Dannan n’ont pas totalement disparu à cause de la christianisation et ont été relégués au rang de « fées », que l’homme rencontre le plus souvent dans la forêt ou au bord d’un point d’eau. Le fait que les dieux aient été « diminués » de la sorte ne veut pas dire qu’ils perdent leur nature sacrée. Au contraire, ils la conservent et ont toujours le pouvoir de peser de façon conséquente sur le destin des humains. Ils se présentent comme à la fois beaux et terribles car la notion de « bien » et de « mal » leur est étrangère. Ils ne connaissent que ce qui est « juste » et indépendant de tout manichéisme. Dans tous les cas ils mettent à l’épreuve celui qui les rencontre et testent sa valeur morale. Ils ont alors une valeur initiatique.
… et leurs rôles
Il est intéressant de constater que l’oracle présenté ici reprend ce type d’approche. À la fois sombre et lumineux (dans les illustrations aussi bien que dans les significations des lames), il place les fées en conseillères, en « éclaireuses » du destin plus qu’en « prophétesses » : elles donnent un conseil, libre à celui qui le reçoit de le suivre ou non, il devra en assumer les conséquences. Ce sont bien les choix du consultant qui le mèneront vers l’ombre ou la lumière.
Apprivoiser ses peurs en dépassant les apparences
De manière habile, ce jeu joue volontairement sur la notion de différence et sur la peur que celle-ci inspire généralement. En effet, l’esthétique des fées est assez particulière : grands yeux plaintifs, grosse tête pour certaines, air inquiétant voire carrément menaçant, décor sombre, etc., autant d’éléments qui donnent l’impression qu’elles sortent tout droit de l’univers de Tim Burton, avec tout ce qu’il comporte de singulier. Elles peuvent rebuter certaines personnes au premier abord, mais pour qui saura passer au-delà de l’inquiétude qu’elles peuvent inspirer, elles révéleront toute leur richesse et leur profondeur.
L’un des points forts de cet oracle est de libérer des craintes que la plupart des gens nourrissent envers l’ombre et la part d’obscurité qui est contenue en chaque chose et en chacun. Ainsi, les fées présentées ici montrent qu’il faut dépasser les apparences pour arriver au cœur des choses et les voir telles qu’elles sont. Pour trouver l’équilibre, il est nécessaire d’accepter la part d’ombre que chacun porte. La renier serait renier une partie de soi-même et empêcherait d’avoir un jugement objectif et équilibré. Autant l’une que l’autre, l’ombre et la lumière permettent de trouver son chemin en éclairant les décisions.
Dans le même style…
Dans son esthétique et son esprit, ce jeu partage certaines similitudes avec Madame Endora’s Fortune Cards : aspect sombre, personnages a priori « mal aimés », inspiration païenne, etc., et tous deux mêlent différentes traditions folkloriques et légendaires. Si vous appréciez Madame Endora’s Fortune Cards, Oracle of Shadows & Light vous plaira certainement !
Utilisations
Grâce à l’équilibre qu’il présente entre les lames liées aux domaines spirituel, matériel, psychologique et sentimental, cet oracle permet d’aborder toutes les questions. Contrairement à ce à quoi on aurait pu s’attendre en raison de son thème féerique, les lectures ne sont pas teintées de « rose bonbon », mais elles mettent face aux vraies préoccupations qu’il faut affronter.
On obtient donc des réponses précises et criantes de vérité (à un point qui surprend souvent !), que ce soit au niveau d’une attitude à suivre ou d’une solution à trouver dans le cas d’une situation embrouillée. Que l’on procède à des tirages simples (coupe-conseil, lame quotidienne, tirage en croix, etc.) ou à des choses plus complexes, les cartes répondent avec la même précision.
Les auteurs ne se cachent en rien des inspirations païennes qui ont motivé leur création et montrent aussi de quelle manière les cartes peuvent être utilisées en méditation et dans d’autres pratiques propres à ce type de spiritualité.
À qui ce jeu s’adresse-t-il ?
Pour cartomanciens débutants ou « confirmés », cet oracle s’adresse à tous ceux qui souhaitent posséder un outil original à l’esthétique remarquable et à l’efficacité redoutable. Ceux qui ont apprécié Madame Endora’s Fortune Cards aimeront certainement celui-ci aussi, tant pour ses couleurs païennes que pour l’univers qu’il met à l’honneur. Certains devront certes s’habituer à son côté « sombre », mais une fois apprivoisées, ces lames et les créatures qui les habitent n’auront plus rien d’inquiétant et se révéleront pleines de sagesse !
Où trouver ces cartes ?
Principalement sur Internet.
Mise à jour du 09.11.2012 : Ce jeu bénéficie également d’une édition américaine comportant des cartes supplémentaires parue en avril 2012. Pour en lire une présentation détaillée, cliquer ici.
Référence exacte
Oracle of Shadows & Light, Blue Angel Publishing, 2010.
ISBN : 978 – 0 – 9807406 – 1 – 5
(© Morrigann Moonshadow, le 10 février 2011. Reproduction partielle ou totale strictement interdite.)
Ah cet oracle ! Je l’ai aussi et je l’aime beaucoup même si parmi mes amis, l’expression des fées les met mal à l’aise. Des mêmes artistes et dans le même genre, il existe l’oracle des métamorphoses qui est très sympa aussi, je ne sais pas si tu le connais.
Bonne journée !
Bonsoir Baella!
C’est un très bel oracle, en effet! Les représentations des fées sont très personnelles et peu conventionnelles, c’est pourquoi certaines personnes peuvent être surprises 😉
Tu trouveras ma critique détaillée de Oracle of the Shapeshifters ici! C’est un oracle que j’aime beaucoup également… et qui m’a beaucoup apporté! 😉
Très belle soirée à toi et à bientôt!
Morrigann
J’aime beaucoup cet oracle qui m’a été offert à noël ! Je le consulte assez souvent que ce soit pour moi ou pour les autres. J’apprécie énormément la façon dont les messages sont écrits. Je trouve cela très poétique et très censé. Même si parfois, l’on aurait l’impression que c’est énigmatique, finalement, il y arrive toujours ce moment où l’on finit par comprendre le sens profond et personnel du message qui nous a été transmis. Ce jeu m’a beaucoup éclairé ! De plus, j’adore les illustrations ! L’artiste est fantastique ! Je m’inspire d’ailleurs de ces illustrations pour mes tatouages 🙂
Bonjour Ever;
Merci pour votre passage par ici et pour votre commentaire.
Il s’agit d’un très bel oracle en effet, qui plaît beaucoup et qui apporte des réponses toujours à propos. Il aide à la réflexion et à l’introspection, comme d’ailleurs tous les autres oracles créés par le duo Cavendish/Becket-Griffith. Si vous n’en avez pas encore eu l’occasion, n’hésitez pas à vous les procurer, ils vous plairont sans aucun doute! Vous trouverez par exemple dans mon Chaudron une critique du magnifique Oracle of the Shapeshifters que vous aimerez sûrement beaucoup également.
Comme vous le soulignez, Jasmine Becket-Griffith est une artiste de grand talent qui a réussi à trouver son style très reconnaissable et qui présente aujourd’hui de multiples thèmes qu’elle intègre à son univers très travaillé. On attend avec impatience la suite de ses réalisations!
En attendant d’avoir le plaisir de vous lire à nouveau, je vous souhaite une belle soirée!
À bientôt,
Morrigann
Bonjour, l’article est ancien alors je ne sais pas si vous aurez le loisir de me répondre. Tout d’abord, votre site est ma porte de connaissance sur la question des oracles et des tirages pour lesquels je débute. J’ai acheté un petit Lenormand que je commence à apprivoiser. J’ai aussi L’oracle des guerriers de la terre qui me plaît pour une lame quotidienne. Et j’hésite maintenant entre l’oracle des métamorphoses et l’oracle des êtres d’ombres et de lumières. Je cherche un oracle pour m’accompagner au quotidien sur des questions variées. J’ai lu vos deux articles, je ne sais pas comment faire mon choix. Je vous remercie de vos conseils. Bien à vous. Laure
Bonsoir Laure;
Merci beaucoup pour votre passage par-ici ainsi que pour votre commentaire!
Je suis ravie que vous trouviez sur mon blog de quoi vous aider à travailler avec vos jeux divinatoires!
Il est vrai que Oracle of Shadows & Light et Oracle of the Shapeshifters sont des très beaux (et de très bons) jeux, et je comprends votre hésitation! Si vous souhaitez un jeu à utiliser au quotidien pour vos questions courantes, j’aurais tendance à vous conseiller de privilégier Oracle of Shadows & Light, qui vous aidera en plus à équilibrer la part d’ombre qu’il y a en vous et à vous en faire une alliée. Oracle of the Shapeshifters, en revanche, est davantage indiqué lorsqu’on se trouve face à des changements, à des métamorphoses, à des mutations ou des évolutions. Vous l’achèterez sans doute un peu plus tard lorsque le besoin s’en fera sentir… ou lorsque vous en aurez envie, tout simplement!
J’espère que cela vous aide à faire votre choix! N’hésitez pas si vous avez d’autres questions, je serais ravie d’y répondre!
En vous souhaitant une belle soirée,
À bientôt,
Morrigann